Hana Abdo

Composition du jury

Résumé

Pour faire face aux enjeux environnementaux, économiques et aux besoins sociaux non satisfaits, de nouvelles initiatives sont expérimentées. La formalisation et l’institutionnalisation de ces solutions constituent le socle de l’innovation sociale. Cette institutionnalisation est réalisée pour une part importante par des organisations sans but lucratif (OSBL). Des citoyens, des habitants, des jeunes s’unissent pour mettre en place des solutions concrètes sans s’inscrire dans des logiques de profit ou de rentabilité. Ces organisations se caractérisent par des formes de travail gratuit comme le bénévolat et la mobilisation de financements hybrides (marchands et non marchands, ou privés et publics). Certaines OSBL se caractérisent par une forte diversité, mobilisant des personnes ayant des profils, des cultures, et des intérêts très différents. Venant d’horizons très divers, s’engageant selon des modalités variées, les personnes engagées dans les OSBL constituent une ressource marquée par la diversité. Le bénévolat constitue une spécificité fondamentale. Les bénévoles ont des cultures, des niveaux d’éducation, des formations professionnelles et des expériences personnelles très diverses. Alors que la diversité culturelle est un facteur bien connu de la littérature en management international dans les grandes entreprises, démontrant un lien avec leurs capacités d’innovation, elle reste méconnue dans le cas de l’innovation sociale portée par des OSBL. Ce travail doctoral cherche à examiner et identifier l’influence de la diversité culturelle sur l’innovation sociale dans les OSBL et répond par conséquent à la problématique : Comment la diversité culturelle au sein des OSBL favorise-t-elle l'émergence d’innovations sociales ? Cette question a insuffisamment été abordée dans les OSBL. A travers une recherche qualitative, cinq études de cas ont été menées en France et au Liban mobilisant vingt-deux entretiens semi-directifs et de multiples documents des OSBL entre 2017 et 2020. Basé sur une méthodologie axée sur la « Grounded Theory », les résultats révèlent quatre facteurs majeurs favorisant le lancement d’innovations sociales dans les OSBL. (1) La diversité culturelle des acteurs « spécifique aux OSBL » (au niveau du statut bénévole ou salarié, de l'éducation, du parcours professionnel et des expériences personnelles) renforce la capacité de l'organisation à développer de nouvelles méthodes d’interaction au sein de l’OSBL, à générer de nouvelles idées et à mettre en œuvre ces innovations sociales de manière pertinente. (2) L'objectif sociétal de l'organisation et les motivations des bénévoles aident à lever les barrières culturelles entre les individus. Cet objectif sociétal crée un contexte favorable à la coopération et à l’échange d’informations. (3) Grâce à la mobilisation des bénévoles et à leur diversité de profils, l’organisation a accès à des ressources trop onéreuses à leur valeur marchande. (4) Le management interne des OSBL encourage les rencontres informelles entre les personnes et stimule ainsi le partage d’expériences qui créent la confiance, le partage des connaissances et l’apprentissage organisationnel, donc des pratiques de coopération et des processus collectifs d’apprentissage et de création de connaissances. La thèse défendue est donc la suivante : le bénévolat et le management interne par les pairs constituent des facteurs d’innovation sociale dans les organisations sans but lucratif à forte diversité. Cette thèse met en lumière l’influence de la diversité culturelle sur l'innovation sociale dans les organisations sans but lucratif à travers le bénévolat. Elle démontre que le management entre pairs constitue un facteur d’apprentissage et de partage des connaissances propices à l’innovation sociale. Elle apporte un éclairage sur la contribution des OBSL à l’innovation sociale.