Alice Monnier

Composition du jury

Résumé

Cette thèse examine les effets du néo-télétravail sur la santé au travail des salariés pendant et après la crise sanitaire du Covid-19. La crise sanitaire a bouleversé les pratiques de travail, imposant le télétravail à une population peu habituée à cette modalité. Si cette situation inédite a apporté de nombreux avantages, tels qu’une plus grande autonomie et flexibilité, elle a aussi exacerbé des problématiques comme l'isolement, le déséquilibre entre vie privée et vie professionnelle et la multiplication des outils numériques. Ces enjeux soulignent l'importance de repenser les stratégies de gestion, tant pour les télétravailleurs que pour ceux restant sur site.

Notre recherche aborde ces problématiques en s'inscrivant dans une approche pluridisciplinaire et complexe de la santé au travail. Elle interroge à la fois les facteurs de tensions liés au télétravail et les ressources des salariés pour atténuer ces risques, améliorer le bien-être et soutenir la performance, tout en offrant des perspectives pour les organisations hybrides qui se dessinent. Nous concentrons notre étude sur deux tensions principales : l’ennui au travail en contexte de télétravail et le vécu des managers face à l’organisation du travail hybride, entre tensions de rôle et ajustement des pratiques.

Notre démarche méthodologique s'appuie sur une approche diversifiée afin de mieux appréhender les dynamiques complexes du télétravail et ses effets sur la santé des nouveaux télétravailleurs, intégrant une revue systématique de la littérature, des analyses quantitatives ainsi qu’une étude qualitative. A travers nos résultats, nous soutenons que le néo-télétravail exerce une influence manifeste sur la santé au travail des salariés, quel que soit leur statut. Néanmoins, plutôt que de se limiter à être une simple variable d’influence, le télétravail agit comme un contexte révélateur qui exacerbe les tensions organisationnelles préexistantes en matière de santé au travail, en mettant en évidence les ressources professionnelles et les bonnes pratiques nécessaires pour y faire face. Les contributions théoriques de cette thèse montrent que l'ennui en contexte de télétravail questionne les limites des organisations à concilier sens du travail, engagement et santé des salariés, soulignant la nécessité de pratiques favorisant l'autonomie et le développement des compétences pour mieux le prévenir.

De plus, cette thèse apporte une compréhension approfondie des risques psychosociaux liés à la gestion du travail hybride, en révélant notamment des effets additifs et multiplicatifs du télétravail sur les tensions de rôle managériales préexistantes. Malgré les différences de qualification et de métier entre les populations étudiées, les résultats révèlent des enjeux communs liés au télétravail. Toutefois, le télétravail, loin d’être un mode de travail tout à fait « comme les autres », requiert des ajustements continus pour être pleinement efficace, en tenant compte de ses spécificités et en restant indissociable des enjeux liés au travail présentiel. Les implications pratiques montrent que bien que le télétravail soit désormais normalisé, les managers ont besoin de mieux adapter leurs pratiques en mode hybride pour prévenir l’ennui, maintenir la cohésion d’équipe et assurer une gestion efficace des tâches à distance. L’animation de la dynamique collective, la coordination des projets et la préservation de l’engagement deviennent ainsi des enjeux centraux dans un contexte de réduction des interactions directes.