Christophe BONNET

Composition du jury

Résumé

 Le service public d’enseignement en France est traversé par une grave crise des vocations enseignantes. Cette crise d’attractivité du métier d’enseignant se manifeste par des difficultés à recruter et à fidéliser les jeunes recrues, mais aussi sous d’autres formes. L’accroissement de la pénibilité psychosociale du métier et le manque de reconnaissance de la part de l’institution et de la société conduisent à des départs volontaires ou au risque de désengagement de ceux qui restent.

Ce « malaise enseignant », qui serait le résultat de dysfonctionnements dans la gestion des personnels enseignants au sein de l’Éducation nationale (Cour des comptes, rapports annuels de 2013 et 2023), aurait pour conséquences la dégradation de la performance du système scolaire français (Rapports Pisa 2020 et 2024).

Considérant, d’une part, que la qualité d’un service public est en partie tributaire de la qualité de vie au travail des agents directement en charge de ce service public, et d’autre part, que l’essor des théories de la spiritualité en management offre des perspectives prometteuses pour appréhender le bien-être et le mal-être au travail (BET et MET), notre travail de recherche doctorale se donne pour objectif de comprendre en profondeur les aspects spirituels du BET/MET des personnels enseignants, afin de trouver les moyens de favoriser le premier et de limiter le second.

Pour ce faire, nous mobilisons des méthodes de recherche qualitatives. 23 récits de vie professionnelle ont été analysés. Nos résultats nous ont permis : 1) de proposer une conceptualisation du MET actionnable en sciences de gestion ; 2) d’identifier les souffrances au travail qui peuvent être rattachées à la dimension spirituelle de l’être humain ; 3) de caractériser une composante allocentrée du BET eudémonique pour les enseignants.

La discussion des implications managériales de ce travail de recherche porte sur : 1) les conditions de mise en œuvre d’un management bienveillant pour limiter le MET ; 2) la prise en compte de la dimension spirituelle de l’individu au travail grâce à l’introduction d’une anthropologie ternaire en GRH ; 3) la mobilisation de l’allocentrisme comme levier de motivation et source d’épanouissement spirituel par le travail pour les agents du service public.