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Financement innovant et incertitude
La situation sanitaire actuelle a mis en exergue plus que jamais la nécessité d’élaborer des instruments financiers adaptés pour que les entreprises puissent financer leurs investissements en période de crise. Les plans de soutien, les mesures exceptionnelles et les autres dispositifs d’aide mis en place par l’Etat et les régions relèvent d’une importance majeure, mais l’innovation financière doit jouer un rôle tout aussi fondamental pour soutenir l’économie. En particulier, on assiste actuellement à des records de levée de fonds par le biais d’instruments financiers innovants et complexes, de type « hybride », au sein desquels les obligations convertibles occupent le haut du podium. Si ces titres ont déjà été massivement utilisés dans des plans de sauvegarde durant la crise financière précédente en 2008, la crise sanitaire induite par le Covid-19 a vu les émissions de tels titres s’accélérer à des niveaux records et prendre de nouvelles formes, comme par exemple les émissions d’obligations convertibles « vertes ».
Le projet est justifié à double titre. D’un point de vue conceptuel, nous constatons que les théories actuelles sont insuffisantes car la partie « innovante » des obligations convertibles, c’est-à-dire leur composante optionnelle, n’est pas mise en valeur. Ces titres sont considérés dans la littérature actuelle de manière simpliste, comme une sorte de « compromis » entre les financements traditionnels. Nous proposerons des modèles théoriques dans lesquels la composante optionnelle joue un rôle fondamental pour justifier ces titres en tant que mode de financement pertinent pour les entreprises. D’un point de vue empirique, nous souhaitons comprendre pourquoi ce type de financement est si peu utilisé par des petites et moyennes entreprises sur le marché européen, et notamment en France, alors qu’il est massivement utilisé par ce type d’entreprises sur le marché américain. Notons aussi que le lien entre ce type d’innovation financière et la responsabilité sociale des entreprises n’a jamais été étudié d’un point de vue académique, ni en Europe, ni aux Etats-Unis, ni sur d’autres marchés.
L’objectif de ce projet est d’approfondir d’un point de vue conceptuel et empirique les décisions de financement des entreprises par obligations convertibles dans un contexte de forte incertitude, comme celui induit par la crise sanitaire actuelle. En comprenant le rôle joué par ces modes de financement, les dirigeants et les investisseurs auront une meilleure compréhension de leurs avantages, ce qui permettra de renforcer l’investissement dans des projets créateurs de valeur pour les entreprises et pour la société.
Les contributions attendues de ce projet sont avant tout académiques mais sont également managériales. D’un point de vue académique, nous allons mettre en avant les insuffisances des théories actuelles dans le domaine et proposer des modèles pertinents, où l’innovation au cœur des financements étudiés joue un fondamental dans la résolution des problèmes financiers rencontrés par les entreprises. D’un point de vue managérial, les résultats de nos études pourraient être utiles à la fois en finance d’entreprise et en finance de marché. En finance d’entreprise, l’utilisation des obligations convertibles pourrait être particulièrement utile aux start-up, qui par nature entreprennent des projets risqués, fortement affectés par des asymétries informationnelles entre les mangers et les investisseurs. En finance des marchés, nos études pourraient servir aux gestionnaires de fonds investissant dans des titres à composante optionnelle (deux tiers de la capitalisation des convertibles étant détenue par des gestionnaires de fonds, souvent des « hedges funds »).
Porteur du projet
Radu Burlacu
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